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La Maison

Son QG est là-haut, dans un immeuble caché dans le cœur de Paris. Au-dessus d’une cour aux pavés de guingois, le bureau de Pascale Monvoisin donne immédiatement le ton, avec sa moquette safran, son mobilier Perriand, et, de l’autre côté de la fenêtre, la façade méconnue d’un ancien hôtel particulier.

Longtemps, la vie de Pascale Monvoisin s’est écrite à la lisière de la ville, dans ces aéroports qui l’emmenaient, hôtesse de l’air, aux quatre coins du monde. Pour apprécier aujourd’hui la poésie des nuages, il lui suffit de lever les yeux : elle préfère, depuis 2009, travailler les trésors de la terre : quartz rutile, cristal de roche, labradorite... D’une passion née en Inde, Pascale Monvoisin a fait l’une des plus charmantes maisons françaises de joaillerie fine. Jaïpur, la ville rose et magique, a été le berceau de sa nouvelle existence, où chaque pièce est aujourd’hui encore produite par des artisans locaux. La turquoise – premier lot de pierres acheté – garde à ses yeux une symbolique particulière, dans un dialogue incessant entre ici et ailleurs, France et Rajasthan, Inde et Normandie, et, au cœur de ce mouvement de balancier au rythme apaisé du métronome : Paris.

De ce premier chapitre, Pascale Monvoisin a gardé le goût des différences, celui des petites imperfections qui signent le charme d’un bijou réalisé à la main. Aux codes classiques de la joaillerie française, elle apporte un regard singulier, une lumière, différente, celle par exemple de l’or 9 carats à l’éclat pâle et très doux. Parmi ses références, les bijoux imaginés par le photographe américain Robert Mappelthorpe, les grandes figures du design au féminin, le fonctionnalisme d’une Charlotte Perriand, la simplicité revendiquée par Eileen Gray dans le sud de la France, le goût de l’essentiel d’une Madeleine Castaing.

A cette approche épurée du beau, elle ajoute le goût des additions, l’esprit des talismans, un quelque chose d’une brocante de campagne découverte par hasard un dimanche de pluie : le secret, en somme, des objets vivants. Ici et là, elle achète, ramasse, griffonne ses inspirations dans les petits carnets qui ne la quittent pas. Perles microscopiques, turquoises facettées, pierre de lune, aigue-marine et bakélite... voilà quelques -unes des lettres de son alphabet créatif, qui résonne avec les écrivains dans lesquels elle aime à se plonger : ceux du Bloomsbury Group – Virginia Woolf en premier, Emily Dickinson, le tout au même rang que les paroles de David Bowie.

Des grandes figures féminines du XIXème siècle aux pop stars contemporaines, elle trace un chemin singulier parsemé de « petits bouts de bidules », à la manière d’un Petit Poucet sous la lumière de la lune. Chaque bague, chaque collier, chaque boucle d’oreille un objet unique. Avec une âme, et une personnalité. Et qu’importe l’ici et l’ailleurs, l’avant et le maintenant : ils s’appellent aussi bien Gabin, Arles et Taylor, que Simone et Idaho... Ce sont les habitants de son vieux Paris secret, des pièces en qui résonnent les basses d’un Lou reed et du Velvet Underground, les milles et un accents qui chantent au coin de la rue. Ce sont, comme des vers luisants à la tombée de la nuit, les meilleurs amis de cette cour cachée aux pavés irréguliers.

Prêts à s’envoler ici, ailleurs : vers le monde entier.

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